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Alerte générale pour la race abondance

Bien adaptée à son terroir, la race abondance est concurrencée par la montbéliarde, plus productive et disponible.

Le critère de race met en péril les fabrications d’abondance. Face à la montbéliarde, la race abondance recule dans les troupeaux habilités à produire du lait pour l’AOP fromagère du même nom.

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Chez les livreurs de l’AOP fromagère abondance, la race emblématique de la Haute-Savoie perd du terrain face à la montbéliarde. Ce pourrait être lourd de conséquences pour la filière : elle pourrait perdre la moitié de ses volumes, alors même que les fabrications de fromage abondance ont atteint un record en 2024 et que ses ventes progressent.

Le cahier des charges impose en effet un minimum de 45 % de race abondance dans les troupeaux producteurs de lait AOP, en distinguant deux catégories. Les exploitations habilitées après 2012 doivent remplir cette obligation individuellement. Elles sont généralement très au-dessus, avec une moyenne de 78 % de race abondance : cela s’explique notamment parce que les fromagers qui demandent l’habilitation d’un élevage privilégient ceux où la race est majoritaire. Pour les cheptels habilités avant 2012, le ratio est calculé collectivement. Or, après une lente érosion, il n’était plus en 2024 que de 47,5 %.

15 millions de litres menacés

L’heure est grave : « Nous lançons une alerte générale, indique le directeur du syndicat, Joël Vindret. Si le pourcentage global passe en dessous de 45 %, la mesure s’appliquera troupeau par troupeau. Or, si les exploitations détenant moins de 45 % d’abondances perdaient l’habilitation, cela représenterait à date plus de 15 millions de litres, soit 61 % du lait transformé en abondance. Les contrats de livraison de lait ne seraient pas rompus, mais le lait serait moins bien payé qu’en AOP. Et ce litrage se déverserait dans d’autres filières, venant déstabiliser différents marchés. Certaines exploitations sont par exemple habilitées pour le reblochon AOP ou la tome IGP, mais ces filières n’ont pas la capacité d’absorber du jour au lendemain 15 millions de litres supplémentaires. »

Face à cet enjeu interfilières, le syndicat du fromage abondance et tous les organismes intervenant sur l’élevage en région (Auriva, Éleveurs des Savoies, Osrar (1), Interprofession laitière) ont bâti un plan d’action à la mi-2024. Ils financent le surcoût des doses sexées (par rapport à une IA (2) classique) en race abondance et versent une aide financière pour les transferts embryonnaires.

Pour les fermes n’étant pas adhérentes de l’organisme de sélection de la race abondance (Osrar), la visite d’un technicien de l’OS est aussi prise en charge par le syndicat. Et parce que le match entre abondances et montbéliardes se joue aussi sur le terrain de la disponibilité en animaux, l’Osrar a lancé un grand plan de filière pour renforcer l’offre en génisses abondances.

(1) Organisme de sélection des races alpines réunies. (2) Insémination artificielle.

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